— Pourquoi as-tu fait cela, Paul ?
— Eh bien, je n’avais pas vraiment envie de passer mon temps à boire, surtout quand on a encore tant à découvrir.
— Vraiment rien d’autre ? Tu ne voulais pas simplement être seul avec moi ?
Sa franchise a quelque chose de rassurant, et je me sens encouragé. Je m’arrête et me tourne vers elle.
— Si, bien sûr que si.
Elle ouvre légèrement ses lèvres, peut-être surprise ou peut-être parce qu’elle en a autant envie que moi.
Sa respiration s’accélère.
Mon cœur s’emballe.
D’une main ferme mais douce, j’attrape son autre main et nos doigts s’entremêlent naturellement.
Elle est magnifique. J’ai envie de goûter à ses lèvres, de parcourir sa bouche, j’ai envie de l’arracher au monde et d’aller vivre avec elle sur une île déserte, pour que ses parents et son fiancé ne la retrouvent jamais.
Je m’approche plus près. Elle me surprend en fermant les yeux. Elle est là, devant moi, abandonnée.
Je m’incline et dépose un baiser à la base de son cou, à l’endroit où elle doit appliquer habituellement sa goutte de parfum. Mais aucune senteur, à part celle de sa peau.
— Ce n’est pas à la violette, ton parfum, d’habitude ?
— Si, pourquoi ?
— Parce que je ne sens rien aujourd’hui.
Je m’écarte un peu, elle a rouvert les yeux.
— Je ne l’ai pas pris avec moi. Je l’ai… oublié.
Elle hésite à continuer.
— Enfin, non, je cherchais à changer mes habitudes. J’aimerais trouver quelque chose de plus original, et pas de la violette sous prétexte que je m’appelle Violet. C’est un peu trop conventionnel à mon goût.
— Je vois…
Je m’approche légèrement d’elle, et elle ferme les yeux en inclinant la tête en arrière, exposant la peau délicate de son cou.
Doucement, je dirige mes lèvres de l’autre côté de son visage et y dépose un baiser, au creux de son cou, une fois de plus. Je lui murmure à l’oreille :
— Et ça, c’est suffisamment non conventionnel pour toi ?
Un soupir prolongé s’échappe de ses lèvres, tandis qu’elle rouvre les yeux, plongeant son regard dans le mien.
— Serait-ce l’Italie qui te pousse à de telles audaces ?
— J’ai toujours eu envie de faire ça, Violet. Depuis l’Angleterre. Depuis la première fois où je t’ai aperçue, si je réfléchis bien.
Je relâche doucement ses mains, m’écarte d’elle d’un pas, un peu triste. Son regard à elle est brûlant.
— Même si je n’en ai pas le droit.
Je repars dans l’étroite ruelle sombre sans attendre une réponse. Elle me suit sans parler.